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Les pratiques ludiques: pourquoi et pour qui?

Le choix d’une discipline à enseigner n’est pas dû au hasard. Parmi les enseignants que j’ai pu rencontrer certains étaient passionnés, d’autres mus par une curiosité sans cesse renouvelée. On peut imaginer, et c’est heureux, que l’on ne se lance pas dans des études universitaires, parfois difficiles, sans, non seulement des dispositions, mais aussi un goût et, pour lâcher le mot, du plaisir.

C’était mon cas. L’emploi du passé n’est pas l’aveu d’un désamour, mais la marque d’un changement de perspective. A mon entrée dans l’éducation nationale, se posa le problème de la transmission de ce plaisir de lire, d’échafauder des hypothèses, de les confronter, d’écrire, de construire et déconstruire les phrases et les mots. Je convenais que l’image du professeur si investi qu’il parvenait à passionner ses élèves dans une démarche purement transmissive fusse un mythe ou, pour moi encore, une utopie car on ne se défait pas si facilement de ses vielles représentations imaginaires. Et force m’était de constater que mes élèves ne partageaient pas ma vision ludique de la grammaire ou de l’orthographe !

Alors comment transmettre ces savoirs, faire acquérir ces compétences en y associant la notion de plaisir, de réjouissance ? Par association d’idées, que d’aucuns jugeront peut-être facile, il m’est apparu que cette notion de plaisir pouvait se rapprocher du jeu. En d’autres termes : apprendre en jouant pouvait aider les élèves à prendre du plaisir à apprendre, et les amener progressivement à éprouver du plaisir à se servir de leur langue (cette dernière proposition est, bien-sûr, à prendre au sens linguistique !)

Progressivement, de la sixième à la première, j’ai donc introduit le jeu dans mes pratiques sous forme de quizz, de défi-lecture, de jeu de sept familles et de l’oie adaptés à une notion. Ces pratiques ludiques prenaient généralement place à la fin d’une séance ou d’une séquence. Elles venaient clore l’apprentissage plus traditionnel d’une notion en proposant aux élèves un réinvestissement sous forme de jeu. On le voit, ma démarche n’était pas initialement motivée par le constat d’une difficulté particulière. Elle voulait offrir aux élèves, qu’ils soient en situation de réussite ou non, une situation d’apprentissage différente et ludique. Cependant, J’ai pu constater qu’elles me permettaient de vérifier, d’une manière moins formelle que les exercices ou les évaluations, si la notion était acquise. J’ai pu aussi remarquer que certains élèves décrocheurs et/ou en difficulté s’investissaient facilement dans ces situations qui ne ressemblaient pas à l’apprentissage traditionnel. J’en ai donc conclu qu’elles pouvaient pleinement s’inscrire dans une démarche de médiation et de remédiation.

Hélène Sibony

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